Installation chromatique

Cet hôtel particulier, aux allures de galerie d’art parisienne, célèbre la couleur, le design et l’art. Recevoir, échanger, partager sont les enjeux de cet espace audacieux, annexe professionnelle de Parisiens se partageant entre la capitale et la province. Conçu dans une association complice entre ses propriétaires et l’architecte Fabien Pédelaborde, ce lieu est une retraite de travail inspirante.

 Chefs d’entreprise et collectionneurs, ils ont fait de ce territoire un lieu ouvert aux coups de foudre artistiques, convaincus des bénéfices de l’alliance entre travail et création. Depuis peu, contraints par le manque de place – leurs bureaux parisiens ne suffisant plus à accueillir leur collection – ils décident donc de s’expatrier en province dans une maison particulière à la fois espace à vivre, lieu de réception privilégié ou enfin résidence de travail. Une démarche significative dans leur souhait d’allier la mémoire au contemporain par des chemins de traverses. L’architecte Fabien Pédelaborde, chef d’orchestre de la métamorphose de cette ancienne école, évoque la dégradation du bâtiment par une succession d’usagers, provoquant la disparition du charme au fil des années. Moulures, planchers, décors devront refaire surface sans entraver audace et modernité.

Espace coloré

L’enjeu majeur restait de projeter l’espace vers une dimension contemporaine et conviviale. Les volumes sont imposants et se déploient parfois d’un seul tenant notamment pour le grand séjour. L’idée d’apprivoiser l’espace passe alors par un dégradé de vert sur des murs peints au pistolet par un artisan rodé à la technique… sur carrosserie. D’un vert émeraude profond pour la partie nord de la pièce on glisse vers le blanc, côté sud. L’effet recompose le volume dans un mouvement qui souligne chaque étape de colorisation par la présence de rideaux ton sur ton. La couleur affranchit les lieux de son histoire. Son repère ? Le papier peint panoramique d’origine de la cage d’escalier donne le ton, justifiant le choix des violets, des bleus et des verts associés qui se répondent d’une pièce à l’autre.

Et grand écart d’époques

Sur cette toile de fond en couleur la collection d’art contemporain s’impose sans s’exposer, faisant entrer l’insolite et la surprise par des formes, des reflets, des sensations, mais aussi de l’humour, jouant de contrastes dans cette enveloppe académique. Art et design s’interpellent, se toisent, s’apprivoisent à côté de pièces anciennes : les suspensions vénitiennes tutoient les rosaces des lampes « AIM » des frères Bouroullec dont l’accumulation en grappe forme un lustre arachnéen au-dessus de la table de la salle à manger. Mais encore, le miroir du mobile de l’artiste Isabelle Cornaro et la sculpture d’Andreas Fogarasi dans le hall d’entrée recomposent un palais des glaces entièrement reconsidéré.