Marquis d‘Alesme, une pépite archi’ au cœur du Bordelais
Ouvert au public depuis le mois de mai, le Château Marquis d’Alesme, un domaine viticole à Margaux, en Gironde, mérite le détour. A la fois pour son architecture intrigante et pour son très bon vin.
Margaux ressemble à tous les villages agricoles français, avec son bureau de poste et ses quelques maisons qui alternent entre façades neuves crépies et vieilles pierres. La différence ? Des châteaux se dévoilent un peu partout et l’hectare de vigne dépasse (allègrement) le million d’euros. Ici, près du célébrissime Château Margaux, un domaine retrouve ses lettres de noblesse après de longs travaux et une remise à niveau progressive de ses bouteilles.
Troisième Grand Cru Classé en 1855, Château Marquis d’Alesme (@MarquisdAlesme) est tombé petit à petit dans l’oubli jusqu’à ce que le businessman français Hubert Perrodo, qui a fait fortune grâce au pétrole, ne le rachète en 2006. Il laisse le château aux propriétaires d’alors et se contente de racheter les 15 hectares de vigne. Malgré son décès la même année, sa fille Nathalie Perrodo reprend les rênes en 2008 et lance les grandes manœuvres.
Pour redonner à la vigne, alors en sommeil depuis de nombreuses années, sa puissance, elle fait appel à l’œnologue et agronome Marjolaine Maurice de Coninck en 2010, qui s’attelle depuis à rendre son rang au Marquis d’Alesme. En 2013, après trois millésimes réussis, Nathalie Perrodo fait appel à l’architecte bordelais Fabien Pédelaborde pour construire de nouveaux cuviers et chais qui colleront à l’image luxe qu’elle souhaite donner au Château.
En chiffres
- Mois de travaux : 36 (premières vendanges dans les nouvelles installations en 2015).
- Plafonds à caissons : 2 mois en atelier, un mois de pose.
- Portail à la chinoise : 20 tonnes, 4 mois de travail en atelier, 7 personnes.
- Balustrades « queue de dragon » : 22 000 écailles en laiton, 4 mois de travail en atelier, 6 personnes.
- L’architecte et la famille Perrodo ont mis à contribution sept entreprises d’artisanat et artistes différents.
Un travail d’artistes et d’artisans
Il engage alors des artisans de la région et imagine un bâtiment qui mêle culture bordelaise du XVIIIe siècle et culture chinoise, pays d’origine des enfants Perrodo. En bois, métal et béton brut, les cuviers très graphiques sont ainsi parsemés de clins d’œil à l’empire du Milieu. Un portail aux motifs asiatiques donne le ton dès l’entrée, avant que les bas-reliefs inspiration taoïste et portes lunes ne viennent confirmer la première impression. Le plus magistral, l’imposante balustrade intérieure façon « queue de dragon » recouverte de 22 000 écailles en laiton, et les plafonds à caissons qui rappellent la Cité interdite.
L’architecte réussira également, avec des tailleurs de pierres régionaux, le pari fou de déplacer intégralement l’ancien pavillon de 1789 qui se trouvait alors sur le domaine de Labégorce, autre propriété de la famille également à Margaux, en le démontant pierre par pierre avant de le remonter dans les jardins du Château Marquis d’Alesme. C’est aussi lui qui a décidé de la disposition des jardins et dessiné une grande partie du mobilier intérieur.
Même si elles ne représentent pas le cœur du business pour la famille Perrodo (le foncier est en tête, devant la rentabilité du vin), les visites se font sur rendez-vous depuis l’ouverture au public en mai dernier. Pour 52 €, il est possible de visiter le domaine et, pour terminer, déguster les deux meilleurs millésimes du vignoble (2010 et 2012) dans la cour du Hameau. Zen.